Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage

 Répondre au sujet
Page(s) : 1 ... 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 ... 73
Auteur
62477 vues - 1087 réponses - 16 j'aime - 40 abonnés

Uneraell

Membre d'honneur
  

Trust : 118  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2273
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/08/2021 à 19h25

Bonjour à tous !

Je nous ai déjà présenté par-ci, par-là dans quelques topics plus génériques, mais je me rends compte que plus on avance, plus j'apprécie de tenir notre "journal". Je me suis donc dit qu'il était temps d'ouvrir notre topic ! (Et surtout, j'ai enfin un Pivo donc je vais avoir de quoi illustrer tout ça ahah).

Début 2021, la remise en question

Nous sommes en février, il fait moche, je suis en vacances et confinement oblige, je n'ai rien d'autre à faire que buller dans mon canapé en massacrant des tablettes de chocolat. Je suis déprimée, je travaille trop, j'en ai marre. J'ai arrêté de monter à cheval en 2017; j'ai terminé mes études et trouvé du travail en Irlande. Les choses se sont enchaînées trop vite et je décide de ne pas monter pendant un moment, le temps de "trouver ma routine". Finalement, je ne suis jamais montée en Irlande, trop compliqué à partir du centre-ville, toujours d'autres priorités... En 2019, je quitte mon travail et reviens en Belgique pour me faire opérer du dos. Je choisis une technique expérimentale car c'est le seul traitement qui me permettrait de remonter à cheval. Fast forward jusqu'en 2021, je pète la forme physiquement, je mène une vie normale, mais en dedans... Je suis vide. Je prends conscience que la proximité des chevaux me donnait une raison de vivre et qu'il est temps de refaire de la place pour ce qui compte. Je trouve un petit centre équestre pour me remettre en selle en mars et c'est décidé : pour fêter les 2 ans de mon opération, je lance le projet "propriétaire".

Pendant quelques semaines, je fouille les annonces, révise mes budgets, cherche une écurie... Finalement, je prévois trois visites le 24 avril 2021. Pile deux ans après mon opération, ce jour qui a fait basculer ma vie, pour moi c'est un signe. Le 23 à 17h, les différents vendeurs m'appellent, les chevaux sont vendus. Gros coup de barre, j'avais tellement d'espoirs... Par dépit, je finis par contacter le vendeur d'un hongre, bien dans mes critères, mais dont l'annonce tourne et tourne depuis 4 mois, alors qu'il ne semble avoir que des qualités ? Le rendez-vous est pris pour le lendemain midi, je me dis qu'au pire, ça sera une "expérience d'essai" et ça me ça me donnera une comparaison pour le suivant.

On me présente un cheval sensible, délicat, hyper stressé et malgré tout, tellement poli en main, super agréable à monter. Je ne le réalise pas encore, mais c'est le coup de coeur. Je suis coincée dans le rationnel, mais tout mon entourage me le dit "quand tu parles de ce cheval, y a un truc". Je décide d'y retourner pour un autre essai, je doute... A nouveau, tout se passe super bien. Cette fois je suis accompagnée d'une professionnelle qui me confirme qu'elle ne voit pas de défaut majeur à ce cheval, qu'il vaut son prix. Est-ce que c'est le bon ??? Allez, à un moment, il faut sauter dans le vide...

Cliquez pour voir l'image   

Le vendredi 7 mai, visite vétérinaire. Tout se passe bien, on refait des radios, on teste un truc, un autre, la véto revérifie... Finalement, on a fait le tour, elle se tourne vers moi "Et ben voilà... Félicitations !" Je réalise à ce moment-là que c'est fait, il ne reste qu'à signer, et attendre qu'il arrive. Le soir même, sur le coup de 21h, voilà mon rêve de gamine qui débarque:

Cliquez pour voir l'image   

Je suis donc depuis un peu plus de 3 mois propriétaire de Pastor de Vara, hongre Pure Race Espagnole de 6 ans, né en Espagne et importé en Belgique en 2020. Avec sa gigantesque crinière et son regard enchanteur, j'ai pensé pendant des mois que c'était un cheval à problème ou avec un vice caché qui attendait d'être refourgué à une gamine... Ma mère continue de dire que c'était le destin, et qu'il fallait juste qu'on se rencontre. Je suis absolument raide dingue de ce cheval, outre le trouver superbe, il s'est révélé avoir une personnalité et un mental en or brut.

Cliquez pour voir l'image   

Je vais reparcourir nos grandes étapes des trois premiers mois dans mes prochains posts et puis continuer notre histoire au jour le jour ! Merci d'avance à ceux qui liront, commenteront, auront des avis constructifs ou des conseils à donner... A bientôt pour la suite :-)

Prochaines étapes de ce journal:

Boiterie et transition pieds nus
Convalescence et découverte du travail à pieds
Connection Training et travail en R+
Reprise du travail monté
Sujet marqué en post-it L'auteur de ce sujet l'a marqué par des "Post-It".


Cliquez-ici pour suivre le post marqué



Édité par uneraell le 07-11-2021 à 20h17

Liquescence

Membre ELITE Or

Trust : 332  (?)


  Mon site internet
  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 9462
1 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 12/01/2023 à 17h44

Ah bah c'est une chouette séance de midi ! :)

Gebouye

Membre ELITE Or

Trust : 428  (?)


  Mon site internet
  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 9409
1 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 13/01/2023 à 09h16

Belle petite séance mine de rien. Et Pastor visiblement ravi d'expérimenter !

Earphoria95

Membre ELITE Or
  

Trust : 109  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 22478
0 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 13/01/2023 à 13h29

ravie d'avoir apporté une pointe d'inspiration ! et cool qu'il ai pu se faire un peu plaisir dans de bonnes conditions (enfin si on oublie le deluge ... condoleances pour la flotte! )

je lis ta reponse a gebouye, tu penses sincerement avoir fait des grosses boulettes ? Cf ca fait quoi 2 ans que vous etes ensembles, et j'ai quand meme pas l'impression que tu l'ai brusqué des masses?

Uneraell

Membre d'honneur
  

Trust : 118  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2273
9 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 14/01/2023 à 16h40

earphoria95 Ca fera 2 ans en mai. Si je l'ai brusqué pas mal en fait, je suis convaincue que je suis au moins à 75% responsable du bordel autour de ses réactions de peur. Alors je l'ai pas brusqué en terme de travail c'est clair, il n'a jamais fini une séance crevé et en sueur. Par contre l'hiver dernièrement, mentalement, je l'ai vachement secoué par méconnaissance. Pour la perception moyenne des cavaliers, j'ai rien fait de mal probablement (il a jamais pris une mega rouste, il a pas eu d'enrênements réglés hyper brutalement, etc etc)... J'ai juste fait comme tout le monde. Mais est-ce que ça veut pour autant dire que lui a bien vécu nos séances ?

(Sorry, ma réponse va encore faire un pavé, je le sens venir). Cet aprem, je passe rapidos dans l'écurie prendre je sais plus quoi et je croise une cavalière qui vient de se faire éjecter par son cheval. Elle cherche une longe et me demande de tenir le fauve quelques minutes. Elle m'explique ce qu'il vient de se passer et ponctue par "mais c'est pas qu'il a peur hein, c'est juste que..." Et là je regarde son cheval, et je lui réponds que si, en fait, il est terrifié. En 20s, j'ai compté 7 ou 8 signes intenses de peur dans le langage corporel. Il était immobile hein, j'avais à peine un doigt sur les rênes. C'était de l'immobilité tonique, pas un cheval sage. Ses limites étaient totalement dépassées. Un cavalier expérimenté avait conseillé à cette fille de longer son cheval et d'aller le faire galoper là où il venait de la jeter.

Je critique pas, y a un an, j'aurais probablement fait exactement pareil.
Mais pourquoi est-ce que c'est la solution en fait ? Le cheval en question n'a même pas 4 ans, il est monté plusieurs fois par semaine, saute régulièrement, il se retrouve au travail avec 2 autres chevaux dans le manège en pleine tempête... Il panique, et la réaction c'est d'aller l'épuiser en longe ? Pourquoi ? Pourquoi est ce que l'industrie équestre est si rarement capable de lire "c'est trop pour lui, on va le rentrer et le remettre au calme" ou "on va le travailler gentiment au pas aujourd'hui, y a trop de stimulus à gérer" ? J'ai pas vu la situation, je peux pas jurer de ce qu'il s'est passé, mais je parierai au vu de ce qu'on m'a dit que c'est un beau cas de trigger stacking. Depuis le début de la séance, le cheval balançait sans doute plein de signes de peur que personne n'a remarqué et à un moment BAM ça a été le stimulus de trop.

Et ça avec Pastor, je l'ai fait plein de fois aussi. Je voyais pas sa peur avant qu'elle soit vraiment expressive, là où maintenant la forme de ses naseaux me suffit pour dire qu'un truc va pas. J'en paie les conséquences parce que j'ai (la fortune ou l'infortune, je vous laisse choisir) d'avoir un cheval qui ne se résigne pas et qui continue de laisser sortir tout ce qu'il ressent. A chaque fois que je l'ai fait (parce que tout le monde faisait comme ça et que je connaissais rien d'autre) je me suis sentie en danger. Je parie que Pastor aussi. Parce que y a rien, RIEN dans le mouvement et l'ajout de pressions supplémentaires qui déconnecte le circuit cognitif de la peur, à part le fait d'arriver en épuisement et d'abandonner toute résistance.

Ce midi, on est retournés dans le rond de longe, il a bougé un peu, mais juste pour dire, ça le tentait visiblement pas. Quand on est ressortis, on a pris d'énormes bourrasques et ça l'a tendu, j'ai fait 10m et je l'ai laissé brouter pour qu'il redescende un peu. Il a eu quelques gros sursauts mais manger l'a posé. Ensuite j'ai retraversé la propriété pour aller à l'écurie et nettoyer ses pieds. Y a pas encore si longtemps, avec un vent pareil, j'aurais même pas osé le déplacer sur une si longue distance (250m en terrain ouvert ?). Là ça s'est très bien géré, avec une longe lâche sans devoir le "tenir". A mi-chemin, une bâche a claqué dans notre dos, là il a démarré et fait un écart, j'ai cliqué, il est revenu vers moi (ma longe fait 3.7m et je la tends jamais, donc il est pas parti bien loin). J'ai enchaîné quelques bouchons de foin car il regardait toujours, puis on a repris notre route, je l'ai nourri sans me presser mais pour qu'il garde un truc à mâcher le temps qu'il arrête de surveiller derrière lui. 50m plus loin il était à nouveau tout à fait zen. Et en faisant ça, je me sens en sécurité en fait, parce que je deviens une référence qui rassure pour de vrai. Je vois vraiment ses réactions qui évoluent, le switch entre système nerveux sympathique et parasympathique se fait beaucoup plus vite. Si j'avais eu y a un an les connaissances que j'ai maintenant, j'aurais eu un an de cxnneries en moins à récupérer cet hiver.

Oh d'ailleurs, j'vais vous faire le topo sur mon cours sur la peur. La prof a commencé à faire des vidéos pour répondre à mes questions. J'vais faire ça dans un deuxième pavé pour pas totalement vous inonder mdr.


Sinon, ma seule et unique résolution pour 2023, c'est de proposer à Pastor un exercice d'enrichissement hebdomadaire. Aujourd'hui, c'était une boîte dans une boîte, le tout rempli de foin et avec quelques fruits planqués dedans. Il a bien kiffé et plutôt bien géré le fait de dégager la petite boîte pour accéder à la grande. La prochaine fois, je fermerai probablement les couvercles :D







Édit: ajout des photos et correction d'une typo

Édité par uneraell le 14-01-2023 à 16h54



Khady

Membre ELITE Bronze
 

Trust : 384  (?)


  Mon site internet
  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 6577
3 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 14/01/2023 à 20h36

Hâte de lire ton topo sur la peur ça m'intéresse beaucoup!!

Uneraell

Membre d'honneur
  

Trust : 118  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2273
6 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 12h01

Allez c'est parti pour le pavé du dimanche matin (en fait d’ici à ce que j’aie fini, on sera dimanche après midi mdr) !

PARTIE 1

Je n'ai pas encore toutes les réponses à mes questions concernant le cours que j'ai fait fin décembre. Je vais partager mes interrogations, libre à vous de répondre avec vos perspectives sur le sujet, et quand j'aurai les réponses je reviendrai vous en faire part ! Je mettrai mes références principales à la fin, je vais mixer un peu les sources parce qu'au final, tout se recoupe.

La peur c'est quoi ?
C'est une réaction physiologique, comportementale et émotionnelle à un stimulus perçu comme état une menace. J'insiste sur le "perçu", on le sait sans doute tous (nos chevaux ont peur de bien plus de trucs que nous), mais on s'en tabasse littéralement que le monstre/fantôme/whatever ne soit pas une menace. Pour le cerveau du cheval qui montre des signes de peur, c'en est une. Point barre.

C'est quoi la différence avec l'anxiété ?
L'anxiété est la peur d'un stimulus qui pourrait être présent. La peur est donc une réaction dans l'instant (la brouette est là, le cheval refuse d'aller dans le coin), tandis que l'anxiété est portée sur le futur (le cheval refuse d'aller dans le manège et/ou est stressé dans le manège car une brouette sauvage pourrait apparaître). C'est important de faire la différence, parce qu'on peut pas désensibiliser à un stimulus qui n'est pas présent.

En très gros, qu'est ce qui se passe dans le cerveau du cheval ?
Ses sens perçoivent un stimulus et cette information est traitée par l'amygdale, s'il n'y a pas d'émotions ou de souvenirs connus reliés à ce stimulus (ou s'il y en a et qu'ils sont négatifs), la réponse de peur est enclenchée. De l'adrénaline d'abord, et du cortisol ensuite sont relâchés dans le flux sanguin et par activation du système nerveux sympathique le cheval passe en mode "instinct de survie". Les fonctions vitales non urgentes (digérer par exemple) sont mises à l'arrêt pour diriger l'énergie vers les fonctions de fuite (voire d'attaque). Je dis "le cheval" depuis le début, mais ce mécanisme est un des plus primitifs dans le cerveau des mammifères et la recherche tend à montrer que le ressenti de la peur chez les animaux et chez nous est le même. Il y a donc aussi augmentation du rythme cardiaque, changement dans la composition de la salive, augmentation de la fréquence respiratoire, etc etc

Arrivé là, soit c'était un très gros sursaut et tout se calme, soit la menace est confirmée et il y a réaction. Chez le cheval, les 3 réactions les plus courants sont se figer, fuir et attaquer. D'autres réactions existent dans des cas plus particuliers. Selon moi, c'est la seule partie de la gestion de la peur où un peu de références en éthologie est utile: le cheval est un animal grégaire et proie, il va généralement fuir plutôt qu'attaquer, se sentir plus en sécurité avec des compagnons que seul, la cause d'anxiété la plus courant est la séparation du groupe, un cheval dont les besoins fondamentaux (mouvement, fourrage, socialisation) ne sont pas respectés aura un mal-être constant qui le rend plus sensible à la peur... etc. Mais après ça, c'est fini. La peur c'est une réaction à un antécédent A à un instant T qui est directement influencée par l'historique de ce cheval là. C'est individuel, pas un problème de l'espèce.

Lorsqu'il y a eu réaction (écart, fuite, cabrer, sauts de moutons, etc) le cheval est déjà bien mal embarqué. Son corps est noyé dans l'adrénaline et le cortisol, tout est branché pour fuir et y a plus trop de rationalisation (niveau cheval évidemment) possible. Les chemins neuronaux qui créent cette réaction en chaîne se renforcent à chaque utilisation, comme tout dans le cerveau. Donc: plus un cheval a peur, plus il va avoir peur. Plus ce système s'active, plus il devient efficace à transmettre l'information et à créer une réaction rapide, au point que les structures neurologiques responsables du chemin opposé (CARE et SEEKING systems) peuvent s'atrophier, ce qui rend le cheval littéralement incapable de réagir autrement qu'en mode panique. C’est ce qui se passe avec les chevaux traumatisés.

Uneraell

Membre d'honneur
  

Trust : 118  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2273
7 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 12h03

PARTIE 2

Bon alors, qu'est ce qu'on fait ?
- D'abord, on prend notre part de responsabilité. Dans un environnement parfait, même le cheval le plus stressé n'aurait peur de rien. Pour avoir peur, il faut un stimulus. En analyse comportementale appliquée on parle d'antécédents. Les antécédents, ce sont tous ce qui a mené à la situation, en plus de la situation elle-même. Alors certes, le cheval abandonné au pré va probablement de temps en temps avoir peur d'un truc, mais rarement au point de faire écarts, sauts de mouton, etc. Nous sommes responsables d'avoir mis le cheval dans le manège, d'être montés dessus, de l'avoir fait monter dans le van, d'avoir voulu longer un jour de tempête... Etc. Ultimement, c'est notre faute.
- Quand le cheval a eu peur, c'est trop tard. Il faut que le système nerveux parasympathique se réactive (système de fonctionnement "de base", qui gère la digestion, la reproduction, les interactions affectives, etc etc). Selon le cheval et la situation, ça peut prendre de 5mn à quelques heures. Plus ça dure, plus on en rajoute une couche, plus on consolide la réaction neurologique de peur. Donc: on fait tout ce qu'on peut pour ramener le cheval en parasympathique : brouter (ou manger de façon générale), aller renifler un copain, faire du ciblage (activation du SEEKING system), toute activité qui est positivement connotée et agréable pour le cheval.
Ici, une petite note: on apprend souvent (je pense) en équitation éthologique le fait de baisser la tête pour "calmer" les chevaux, par opposition au fait qu'un cheval en alerte à la tête haute. Une étude a été faite sur le sujet montrant que ça n'avait aucun impact sur les taux de cortisol et le rythme cardiaque. Le cheval a généralement appris à céder à la pression et c'est tout. En revanche, les gratouilles au garrot en particulier sont efficaces pour apaiser le rythme cardiaque :-). Les chevaux vont d’ailleurs mutuellement se gratouiller en situation de stress !
- On ne punit pas, on ne s'énerve pas, on accuse pas le cheval de voir des "fantômes" (on rappelle aussi que le cheval a des sens bien plus développés que les nôtres, et le fait qu'on ne voie pas de menace ne signifie pas qu'il n'y en a pas une).
Chacune de nos réactions en ce sens en rajoute une couche et confirme au cerveau que oui, il fallait avoir peur. La réaction de peur est instinctive et automatique, le comportement utilisé pour exprimer la peur (saut de mouton ou galop plein pot) peut être appris (selon l'historique du cheval) mais la peur elle-même n'est pas un conditionnement opérant. On ne peut donc ni la récompenser, ni la punir.

Comment est-ce qu'on "traite" la peur ?
Il y a plusieurs options, à choisir selon la situation, le cheval, son historique, etc.

- Les plus simples: habituation et désensibilisation systématique. Le but est que le cheval réalise tout seul que "la chose" n'est pas une menace. Ca doit se faire de façon progressive et SANS REACTION DE PEUR. Si le cheval a même fait un pas en arrière, c'est qu'on est allés trop loin. La désensibilisation systématique ce n'est pas la même chose que secouer un drapeau devant le cheval et le retirer quand il est immobile.
- Contre-conditionnement classique: je vais pas refaire un pavé, je vous en ai parlé assez je pense.

- La gestion environnementale: plus les besoins du cheval sont respectés, plus il sera ancré dans son système parasympathique et en état d'homéostasie (équilibre). Au delà de ça, on peut aussi enrichir l'environnement pour ajouter des situations qui vont encourager l'utilisation du CARE et du SEEKING system: enrichissements alimentaires et cognitifs, grooming, travail du ciblage (particulièrement pour la découverte de nouveaux objets), prise de contrôle...
ici, l'idée est de consolider les chemins neuronaux qui créent une réaction de "oh un truc nouveau, cool !" plutôt que "omg une menace, je vais crever". Comme je disais plus haut, ces chemins sont consolidés en fonction de leur utilisation, le cerveau du cheval change et s'adapte en fonction de ce qu'il vit. En somme stimuler le cheval dans des interactions hyper positives avec son environnement peut changer les branchements dans son cerveau pour que, par défaut, il réagisse de façon curieuse à la "menace".

Ca n'a pas été étudié (y a pas beaucoup de sujets pour le faire) mais j'ai souvent entendu dire de la part d'entraîneur R+/clicker que leurs chevaux élevés en R+ (disons depuis le sevrage) sont beaucoup, beaucoup moins peureux que leurs autres chevaux. Et quelque part c'est logique, si le cheval n'a pas (ou très peu) été entraîné à éviter quelque chose d'inconfortable, mais encouragé pour son exploration et sa réflexion, c'est devenu son fonctionnement par défaut. Evidemment, il y a trop peu de chevaux entraînés uniquement en R+ pour faire une généralité. Cependant, ça va peut être arriver: Shawna Karrasch (une des pionnières du R+ avec les chevaux) travaille avec une éleveuse de chevaux d'obstacles aux USA pour produire des chevaux de compétition 100% R+ et fonctionnels "dans le monde réel". Les plus âgés ont 4 ans et ont déjà été présentés sur des concours de saut en liberté avec des retours hyper positifs.

EDIT: correction de la mise en page

Édité par uneraell le 15-01-2023 à 12h04



Uneraell

Membre d'honneur
  

Trust : 118  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2273
9 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 12h06

PARTIE 3

Qu'est ce qu'on fait 2, mais qu'on ne devrait peut-être pas faire: immersion et désensibilisation par masquage.

- L'immersion je pense que y a plus grand monde qui trouve ça vraiment bien, mais on peut vite y tomber quand on perd le contrôle de la situation. L'idée est de plonger le cheval dans une réaction de peur intense, on lui balance directement le stimulus aussi fort que possible, on le laisse paniquer et on attend que ça passe. Y a un gars aux USA qui a voulu voir combien de temps un mustang pouvait fuir, il l'a poursuivi en hélico (ou en quad, je sais plus), la pauvre bête a cavalé pendant 48h avant d'abandonner. Cette pratique est en lien avec ce qui se fait chez les humains pour les phobies ou l'anxiété: on te plonge face à ta peur jusqu'à ce que tu réalises que non, tu vas pas mourir. La différence, c'est que l'humain peut rationnaliser son expérience, et qu'il est consentant. Ce n'est pas le cas du cheval, qui vit juste un stress intense sans savoir comment en sortir.
Ici se trouve une de mes questions pour la neurologue dont j'ai suivi le cours: ça veut dire quoi en pratique dans le cerveau. Est-ce que ça fait disjoncter le SNS ? Qu'est ce que ça a comme impact sur le reste du corps ? Pour les humains, ça commence à être plutôt bien étudié, notamment dans les cas de syndromes de stress post-traumatiques. C'est désastreux. Le cerveau change, le système immunitaire disjoncte, le sommeil change, y a plus rien qui va. Niveau éthique on est à -27000.

- La désensibilisation par masquage: je connaissais le terme mais j'y avais jamais trop pensé pour la peur. Par exemple, un cavalier qui a les jambes qui bougent lorsqu'il agit avec les mains va faire du masquage; le cheval n'est pas capable de répondre aux mains et aux jambes en même temps, et va "choisir" le plus désagréable des deux.
Pour la peur, c'est la technique de "occupe-le, fais le faire des cercles, fais le chasser les postérieurs" etc etc. En pratique, ça se base sur le fait que le cerveau ne peut se concentrer sur plusieurs stimulus à la fois (le cerveau du cheval, et le nôtre, c'est pareil) et se concentre donc sur le plus saillant des deux. On ajoute donc un stimulus plus complexe / douloureux / effrayant que celui qui a déclenché la réaction de peur.

Est-ce que c’est une bonne solution ?
Je dirais que ça dépend. Mon problème il est sur le concept d’un « stimulus plus saillant » que celui de la peur. Si mon cheval est légèrement inquiet, par exemple il a vu quelque chose et n’a pas encore décidé si c’était une menace, alors ça me va assez bien. Parfois les laisser piller sur quelque chose n’est pas une bonne idée, surtout dans des situations type « arrêt observation au milieu de la route ».

Par contre, pour une peur marquée, ça me pose problème. Si le cheval en est déjà à faire des écarts, des bonds, bref qu’il présente des défenses… Et on lui rajoute quelque chose DE PLUS INTENSE pour qu’il n’ait pas le choix que de réfléchir à où il met ses pieds ? Ou rendre le cavalier encore plus aversif/effrayant que le stimulus effrayant ? Je me demande si dans tous les cas, le résultat n’en sera pas de la résignation acquise, parce que dans les deux options, le cheval n’en a aucune qui est réconfortante / confortable.
J’ai récemment vu une vidéo d’une méthode de travail assez connue / populaire et dont la pub est très fréquente sur Facebook. Le coup classique du cheval qui veut pas aller dans le coin, le cavalier « réglait le problème » avec une flexion très marquée de l’encolure, chassant les postérieurs jusqu’à obliger le cheval à aller dans le coin (avec des aides d’une douceur infinie, évidemment). Franchement, moi ça me choque. Ca marche, je dis pas le contraire, mais ça me choque. Y a aucun respect pour le cheval là-dedans, c’est uniquement pratique pour le cavalier.
Récemment sur CA, on m’a répondu « ben oui mais avec les humains on fait pareil ! Un gamin qui a peur d’aller chez le médecin, on l’occupe ! » Certes. Mais on l’occupe avec des choses qui l’intéressent, lui font plaisir, en font une expérience positive. Le concept de « distraire » dans les manipulations avec l’humain est très différent de la distraction qu’on impose au cheval. Le jour où le médecin, me voyant en tachycardie dans la salle d’attente pour un examen de routine, me force à faire des pompes pour me changer les idées, je change de médecin hein.

Pour le coup, que ce soit R- ou R+ d’ailleurs, je suis contre. Et je pense même que si la peur est intense, tenter de faire du masquage en R+ c’est dangereux, parce que ça veut dire rajouter des stimulus très intenses (dans le SEEKING et le RAGE system), potentiellement de la nourriture à haute valeur pour motiver le cheval à faire autre chose que s’occuper du truc qui fait peur. Bonjour la bombe à retardement. C’est potentiellement déjà dangereux en R-, mais en R+ je pense que c’est pire.

Y a d’autres façons de gérer la peur, mais je vais pas aller dans tous les détails, chacun pourra continuer ses recherches s’il a envie. Personnellement, j’aime beaucoup l’idée d’aider mon cheval à « rebrancher son cerveau » pour que les nouvelles découvertes deviennent par défaut des a-priori positifs plutôt que des menaces. Combiné avec le contre-conditionnement quand il y a peur quand même (on peut pas tout contrôler), je trouve que c’est respectueux du cheval et de son ressenti. Je suis également persuadée que ça rend le cheval résilient à long terme et indépendant de son cavalier, car ça le rend vraiment capable de gérer ses émotions, plutôt que « je passe à travers parce que sinon ça sera pire ». Ca fait aussi partie des questions que j’ai posé à la neurologue.

Bon j’aurais encore plein de choses à dire mais c’est déjà énorme, donc je vais m’arrêter là. Si vous avez lu jusqu'ici, plein de coeurs sur vous . Ca me fait plaisir de voir que mes réflexions intéressent (même si toutes ne sont pas partagées, et c'est bien votre droit). Hésitez pas à me partager vos réactions / commentaires sur le sujet :-)

Mes références principales pour écrire tout ceci :
- Le Cours « Working with Fear and Trauma in Horses » : https://courses.understandhorses.com/courses/working-with-fear-and-trauma-in-horses
- La page Facebook de l’auteure du cours, où elle commence à publier des vidéos pour répondre à mes questions :-) : https://www.facebook.com/emmalethbridgehorsemanship
- Living and Learning with Animals (cours de Susan Friedman) et le PEPS (formation de Carol Ann Doucet) pour l’analyse comportementale appliquée et le focus sur les antécédents des comportements. Chaque comportement a un antécédent, si on contrôle l’antécédent et la réaction face à celui-ci, on contrôle le comportement.
- La neuroscience affective de Jaak Panksepp pour les 7 systèmes émotionnels des mammifères : le début de cet article en français décrit les 7 systèmes : https://www.cairn.info/revue-gestalt-2015-1-page-81.htm
- Le livre « Le corps n’oublie rien : le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme »  de Bessel van der Kolk. Ce livre relate l’évolution du traitement des traumatismes psychologiques chez l’humain (enfants mal-traités, abusés, vétérans de guerre, victimes d’accidents de voiture, etc) et l’impact sur l’esprit et le corps à court et moyen terme. C’est une lecture parfois brutale mais qui met également beaucoup l’accent sur le rôle du contact affectif et la bienveillance pour éviter et/ou guérir des traumatismes. Il y a aussi pas mal de contenu sur les changements physiologiques qui se produisent suite chez les individus confrontés à des stress intenses et répétitifs. Les traumatismes humains sont évidemment beaucoup plus complexes que ce qui peut se passer chez un cheval, mais tous les systèmes cognitifs et physiologiques en cause sont primitifs et partagés par tous les mammifères. Donc les traitements vont être différents, mais les impacts… pas tellement.

Dadou_love

Expert
   

Trust : 7  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 895
1 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 12h15

C’est toujours aussi enrichissant de te lire

Édit: mon message est parti après la lecture de la partie 1.
C’est vraiment très intéressant. Il va falloir que je le relise assidûment pour tout intégrer.

Édité par dadou_love le 15-01-2023 à 14h49



Tekesuta

Membre ELITE Bronze
 

Trust : 552  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 6834
1 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 13h04


Citation :
"Nous sommes responsables d'avoir mis le cheval dans le manège, d'être montés dessus, de l'avoir fait monter dans le van, d'avoir voulu longer un jour de tempête... Etc. Ultimement, c'est notre faute."



Citation :

"(on rappelle aussi que le cheval a des sens bien plus développés que les nôtres, et le fait qu'on ne voie pas de menace ne signifie pas qu'il n'y en a pas une)."


Du coup j'ai le droit d'avoir plus peur que mon cheval quand il voit un truc que je ne vois pas ?

Bon après tu connais mon avis un peu sur tout ça, c'est super d'avoir un gros condensé, merci pour l'avoir écrit :) C'est très clair et j'espère que ça aidera ceux qui liront !!

Khady

Membre ELITE Bronze
 

Trust : 384  (?)


  Mon site internet
  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 6577
1 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 16h13

uneraell Merci pour tes réflexions passionantes ! C'est très éclairant, j'ai adoré notamment tes exemples de tips qu'on apprend très largement dans les centres équestres (et même en étho !) et les preuves physiologiques que c'est au mieux useless (comme baisser la tête par exemple...). J'ai beaucoup appris en te lisant :)

Juste, je crois que je n'ai pas bien compris la distinction que tu fais sur l'utilisation en R+ face à la peur.
D'un côté, j'ai compris dans ta partie 2 que c'est une bonne méthode pour "traiter la peur".
De l'autre, j'ai compris dans ta partie 3 que c'était à éviter dans la "désensibilisation par marquage", car dangereux.
En fait, je n'ai pas bien compris la différence entre ces deux cas d'utilisation du R+ face à la peur ?

Édité par khady le 15-01-2023 à 16h14



Liquescence

Membre ELITE Or

Trust : 332  (?)


  Mon site internet
  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 9462
1 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 16h23

Merci beaucoup pour ce cours et cette vulgarisation hyper intéressant !! Ca devrait être dans les cours de base en formation "officielle" tiens... Je rajouterais 2 choses
- dire que le cheval fait semblant, c'est aussi une façon de "permettre" de continuer le travail, une branlée et roule. Accepter la peur, le dépassement des limites, ça veut dire arrêter d'agir, ce qui pour de l'humain n'est pas aisé...
- la carence en vitE peut entrainer des "excès" de peur :) je rajouterais ça en plus du côté respect des besoins

Uneraell

Membre d'honneur
  

Trust : 118  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2273
4 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 18h10

khady En fait, le R+ en lui même ne traite pas vraiment la peur en elle-même.

D'un côté, tu as les stratégies à mettre en place au moment T où le cheval a peur. Ça sera de l'habituation (passive ou par désensibilisation systématique) ou le contre conditionnement. De façon très simpliste, on peut dire que ces méthodes changent la réponse émotionnelle face au stimulus. On peut utiliser de la nourriture durant cette procédure, mais ce n'est pas du R+. Le renforcement (qu'il soit positif ou négatif) est un apprentissage CONSCIENT et VOLONTAIRE d'un comportement afin d'obtenir (R+) ou éviter (R-) une conséquence.
Dans la gestion de la peur, il n'y a pas de conséquence pour laquelle le cheval agit. C'est une réponse réflexe et incontrôlée. Le but étant donc de changer l'association émotionnelle faite avec le stimulus pour que le circuit de la peur ne soit simplement plus enclenché.

De l'autre, tu as l'utilisation au R+ au quotidien pour éduquer le cheval à la nouveauté. En créant un très long et très fort historique de conséquences positives face aux stimulus inattendus, le cerveau sera plus apte à réagir sur le mode "oh chouette un truc nouveau !" plutôt que "omg une menace !" Ça peut se mettre en place quand le cheval est circonspect, mais pas quand il est en mode panique. Par exemple, un cheval qui connait le code "touche !" va probablement se détendre face à un objet qui lui inspirait de l'inquiétude parce qu'il a un long historique de "touche = tout se passe bien derrière et je reçois un bonbon". Par contre, s'il en est déjà à se mettre debout... Son cerveau est déjà parti ailleurs quoi.

Concernant le masquage : mon problème avec le R+ ici, c'est l'intensité. Prenons par exemple Pastor qui fait des bonds pour éviter un bruit. La réaction de peur est déjà à 4/5. Si je veux masquer la peur par du R+ il faut que je trouve un exercice qu'il surkiffe, utiliser des récompenses à très haute valeur et avec un tout qui demande assez de concentration à son cerveau pour qu'il occulte ce qui est en train de se passer. En pratique ça serait par exemple... Demander le pas espagnol sur une série de barres au sol en récompensant avec des carottes. Tout ça alors qu'il veut juste faire des bonds pour fuir. Mentalement je trouve que ça reste injuste, la demande est trop intense, il devrait faire un truc compliqué pour obtenir quelque chose qu'il adore et qui a tendance à l'exciter un peu. Ça rajoute une couche de frustration sur la peur. Je suis certaine que si j'essayais de faire ça, je prendrais juste une ruade en pleine face parce que 1. C'est à cause de moi qu'on est dans le manège 2. Je lui complique la vie en lui demandant de bosser pour des carottes. Autant me dégommer, ça règle les deux problèmes.
Que ce soit R- ou R+ je trouve qu'ici c'est exactement pareil. Le but c'est quand même de noyer le cheval sous une autre demande pour l'empêcher de se concentrer sur ce qui l'inquiète. Y a un risque que le cheval se retourne contre toi parce qu'à force de rien pouvoir fuir... Reste l'attaque.

J'espère que c'est plus clair ?

Uneraell

Membre d'honneur
  

Trust : 118  (?)



  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 2273
4 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 18h24

liquescence
Très juste. La branlée parce qu'il fait exprès, ça replace le cheval dans son rôle de machine qui doit s'exécuter pour le plaisir du cavalier qui a envie de faire du poney. Mais sans aller jusque là, c'est la même chose que le "mets surtout pas pieds à terre, il va apprendre qu'il peut te faire descendre !!!" Et alors en fait ? Diantre, le cheval a des états d'âme, on risquerait de les respecter ! D'ailleurs, c'est un rant à part: je trouve qu'on parle bien beaucoup du respect que le cheval doit avoir envers l'humain, par contre dans l'autre sens... *Tousse*

À nouveau, je veux pas critiquer ouvertement, j'ai fait toutes ces cxnneries là et ça m'arrive encore de le faire. Mais je trouve que c'est vraiment important de regarder en nous même pourquoi on fait les choses et quelle est la vraie place du cheval là dedans. Personnellement j'ai pas honte de dire que j'ai régulièrement des situations où je fais des noeuds entre ma conscience morale et mes envies de cavalière. C'est souvent Pastor qui gagne à ce jeu là, mais pas toujours. J'essaie de trouver la façon de faire qui nous satisfera tous les deux.

Tout à fait également pour la vitE. Y a vraiment beaucoup de causes en vrai. Les ulcères, notamment, et tout ce qui est douleurs physiques en général. Un cheval qui se sent vulnérable sera forcément plus réactif. Je suis d'ailleurs convaincue qu'une forte asymétrie et/ou un travail en déséquilibre peut aussi mettre le cheval sur l'oeil, mais pour le coup, j'ai aucune étude ou quoi que ce soit pour corroborer cette opinion, juste des témoignages de pros type ostéo et bodyworker qui vont dans ce sens.

Khady

Membre ELITE Bronze
 

Trust : 384  (?)


  Mon site internet
  M'écrire un MP

Genre : 
Messages : 6577
0 j'aime    
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
Posté le 15/01/2023 à 19h09

uneraell Oui c'est très clair merci pour les précisions !

Je trouve hyper intéressant le principe de créer un très long et très fort historique de conséquences positives face aux stimulus inattendus... Je suis à peu près sûre que Sunny a été éduqué comme ça, j'ai toujours été bluffée face à sa curiosité intelligente lorsqu'il va voir de lui-même un truc qui le fait ronfler de peur de loin. Et du coup, 90% du temps il se démystifie le truc tout seul, sans intervention de ma part autre que le laisser faire...
Effectivement une éducation comme ça, ça mène à des chevaux hyper safe! et c'est vraiment chouette de savoir que la plasticité du cerveau permet de créer ces circuits neuronaux à des chevaux de n'importe quel âge :D
Page(s) : 1 ... 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 ... 73
Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage
 Répondre au sujet