Pastor de vara, histoire d'une leçon d'ancrage

uneraell

Peut-être pour compléter ton explication sur l'immersion :

Le processus physiologique que tu décris à travers l'immersion, c'est ce qui s'apparente au syndrome de Kluver-Bucy. Une saturation cognitive dans une situation de stress qui aboutit à une inhibition totale de l'action avec des impacts physiologiques définitifs. Ou quand le corps déclenche la neutralisation plus ou moins définitive d'une certaine partie du système nerveux/émotionnel par réaction biochimique pour retrouver l'homéostasie, à défaut d'avoir pu trouver une réponse comportementale de sauvegarde apaisante.

A priori ce processus est très rapide chez les espèces "proies". La saturation du système cognitif s'apparente à de la coercition mentale, d'un point de vue pédagogique, c'est tout aussi maltraitant qu'une coercition physique, voir plus et surtout, ce n'est pas vraiment perceptible par quelqu'un qui ne connait pas ce processus.
ça peut s'enclencher vite et rapidement l'animal capitule sans véritable rébellion apparente car il vit un état de sidération. C'est grâce/à cause de ce processus que fonctionne un grand nombre de méthodes éducatives rapides, et comme la coercition mentale est rarement visible par le quidam non averti, elles sont vendues comme des méthodes douces et rapides.

Pour respecter les processus d'apprentissage dans le respect d'un animal, il faut d'abord respecter son temps naturel de concentration (qui est très court), les phases d'alternance demande/réponse pour que les processus comportementaux de recherche de solution par la réflexion et l'expérience s'enclenchent puis toutes les phases de compréhension, appropriation, restitution, consolidation et toutes s'accompagnent de temps de repos du cerveau pour que l'apprentissage soit correctement intégré, positif et durable. Le repos et le sommeil sont les meilleurs alliés de la fixation d'un apprentissage correctement mené. La saturation cognitive ne respecte rien de tout cela et le sommeil qui suit une expérience fortement négative est rarement réparateur.


Chez le cheval, un lieu clos, la promiscuité, un environnement sonore envahissant peuvent par exemple contribuer fortement à poser les bases d'une coercition mentale puissante qu'un seul élément de pression supplémentaire suffira à faire basculer dans un processus s'apparentant au syndrome de KB.

Tu as évoqué un plantage du cerveau et je trouve l'image parlante. Toute la partie de la réflexion et de la locomotion est planté et le cerveau bascule dans une activité biochimique auto destructive hors de toute conscience.

couagga Merci pour l'ajout !

Je te rejoins tout à fait sur le point "la coercition mentale est tout aussi maltraitante que la coercition physiques, si ce n'est plus" et je suis même d'avis que c'est très certainement le cas. Car l'emprise mentale que peut avoir l'humain sur son cheval est constante, c'est le cheval qui la ressent et l'effet commence peut être dès que l'humain se pointe à la porte du pré. Tandis que l'emprise physique... Ben faut un contact quoi, a priori ça "s'arrête pour de vrai" à un moment.

C'est d'ailleurs ce point qui me tracasse énormément avec Pastor car ses réactions sont fortes, et l'escalade très rapide. Je suis certaine que je dépasse parfois ses limites car je veux bien faire, avancer, trouver une solution. Mais dans tous les cas, il garde la possibilité de dire non, sortir, montrer qu'on doit arrêter. On me prend sans doute parfois pour une greluche à rentrer dans le manège, faire un tour et puis partir, mais je refuse simplement de tomber dans le "oh insiste un coup et il finira par arrêter". Si je dois le maintenir physiquement, il y aura forcément emprise mentale à un moment. Alors certes en ce moment je galère, on trouve pas vraiment la solution et je fais très certainement des erreurs, mais tant qu'il s'exprime, j'ai la possibilité de réagir à ce qui ne va pas. Et si certains me prennent pour une folle sur son nuage qui "fait rien de son cheval", grand bien leur fasse.

couagga merci pour le complément très intéressant :)

uneraell ah mais je trouve ça tellement insupportable cette injonction de "je dois le maintenir physiquement"... c'est une pression sociale tellement répandue dans les pensions équestres! Ça me fait vraiment péter un câble de non sens

uneraell en relisant ton post j'ai tilté un truc...

Depuis que je connais Sunny et dès l'essai que j'ai fait avec lui, j'ai perçu que c'était un cheval vraiment type "assurance vie". Pour autant, très vite j'ai pu être surprise par certaines de ses réactions à des stimulis légers voire involontaires. Certains pro m'ont dit "il n'a peur de rien, c'est un guerrier" et d'autres "c'est un grand sensible stressé qui prend beaucoup sur lui".
Moi je ressens vraiment la seconde version...
Sa vendeuse et première proprio qui l'a acheté poulain m'a dit qu'il avait été éduqué et débourré en éthologie.
Il réagit fichtrement bien aux stimulis de base de la méthode Andy Booth par exemple

Mais dans ce que je lis dans ton post, j'ai l'impression qu'une frange de "l'éthologie" utilise beaucoup les techniques de masquage ou d'immersion en fait...

Concrètement, comment peut on déceler ce qui relève du Black out appris ou de l'apprentissage sain?
Et si on décèle le premier cas, est ce possible de déconstruire ce conditionnement devenu presque physiologique j'ai l'impression?

Pour Sunny j'ai un doute, il est quand même capable de s'exprimer dans certaines situations, mais pas dans toutes...

khady Hello, question intéressante mais un peu compliquée d'y donner une réponse unique je pense. Je ne suis pas spécialiste du sujet non plus. C'est d'autant plus complexe que, comme tu le dis très bien, les chevaux ne sont pas forcément "plantés cérébralement" à 100% du temps, il peut y avoir des situations qui vont enclencher cet état. Pour simplifier un peu grossièrement, je dirais que la question c'est "est-ce que mon cheval se comporte à cet instant comme un vrai cheval, où comme un joli petit robot bien éduqué ?" J'ai un jour écouté une vidéo d'Andy Booth qui parlait du fait qu'un cheval a naturellement un instinct de fuite, et qu'il faut éteindre cet instinct car il est dangereux pour l'humain et je ne suis absolument pas d'accord. Je pense qu'un cheval a un instinct d'exploration, et qu'il faut encourager l'exploration et le fait que le cheval soit capable de gérer sa peur et ses limites par lui-même afin que la fuite ne soit jamais un problème pour l'humain

(Pour la petite anecdote, je parlais avec une entraîneuse américaine l'autre jour en commentant le fameux "il faut contrôler les postérieurs sinon tu vas avoir des problèmes", ce à quoi je lui ai dit que mon opinion sur le sujet était que si le mental du cheval est avec toi, la position de ses pieds ne sera jamais un problème. Elle m'a répondu en riant "c'est très vrai, et quand on travaille avec des mustangs féraux, on sait que c'est le devant le plus dangereux de toute façon". Je pense que ça vient du fait que ces "vrais" chevaux n'ont pas été sélectionnés pour fuir h24, ils répliquent ! Mais bon, c'est une opinion personnelle, je n'ai rien pour étayer ça).

Bref, pour revenir à ta question: dans une situation T, est-ce que ton cheval observe l'environnement et y réagit ? Est-ce que les oreilles et les yeux sont mobiles ou figés ? Est-ce que la hauteur de la tête varie ? Est-ce que le cheval est engagé et force de propositions dans l'exercice ou est ce qu'il ne fait que réagir aux demandes ? Si l'humain ne fait rien, est-ce que le cheval prend des initiatives ? Est-ce que le cheval exprime des préférences lors des manipulations ? Si on lui présente un nouvel objet, est-ce que le cheval va aller l'explorer (le sentir, le mordre, taper dedans avec son pieds, le faire bouger etc) ou est ce qu'il reste passif ? Est-ce qu'il dit "non" ?

Un cheval sain devrait être très conscient de son environnement, réagir à de très petites stimulations mais sans exagération, sa très grande sensibilité est exprimée avec justesse et a-propos. Un cheval sain est curieux et se prend en charge, coopératif mais aussi plein d'opinions et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Evidemment, selon le tempérament de chaque individu, tout ça va varier, mais si il te donne parfois l'impression d'être une coquille vide qui attend qu'on lui demande quelque chose... C'est probablement qu'il se passe pas grand chose dans sa tête.

Par contre, cet état sidéré, il est ultra pratique pour l'humain et décider d'en faire sortir le cheval, c'est se lancer dans quelques semaines - voire mois - de misère. Selon le cheval ça peut plus ou moins bien se passer, mais ça peut aussi donner des chevaux qui d'un coup ont peur de tout, explosent à la moindre stimulation, disent non et se défendent pour tout... Mais il faut passer par là pour former de nouvelles associations et de meilleures façons de réagir. On entend souvent des gens dire "mais depuis que je fais ce travail avec mon cheval, il est pire, il a peur de tout !!" parce que les chevaux re-découvrent leur environnement en fait. Mais ça peut très bien se passer si c'est fait progressivement et en conscience de ce qu'on fait.

uneraell merci beaucoup pour ton avis :)
Avec toutes ces questions je vois que Sunny reste quand même assez vivant, c'est rassurant ^^

uneraell

Je trouve qu'il est très délicat d'évaluer les limites lorsqu'on est attentif à ne pas abuser de notre pouvoir sur l'autre : jusqu'où puis-je aller sans devenir "maltraitant" ?
C'est en cela que les apports de l'éthologie, la vraie et l'unique, sont souverains à mon sens. L'éthologie doit être abordée dans son ensemble, et pas juste sur la connaissance du cheval. Je me souviens lors d'une des premières conférences à laquelle j'avais assisté qu'un éthologue équin avait insisté sur l'importance des études comparatives pour comprendre correctement l'éthogramme d'une espèce. Et je trouve qu'il avait totalement raison.

La connaissance éthologique de multiples espèces aide, à mon avis, à percevoir ces lignes rouges dans les interactions inter-espèces. L'éthologie humaine, celles des herbivores, des omnivores, des carnivores, des mammifères, des animaux sociaux, des territoriaux, des prédateurs et des proies, sachant que dans une situation donnée, une proie peut devenir prédateur et un prédateur proie...

L'éthologie permet aussi de bien appréhender l'immensité des compétences adaptatives d'une espèce dans sa communication et sa collaboration inter-espèces.
Bref, à mon avis, plus on comprend comment se construit et s'exprime les espèces, mieux on comprend les enjeux de nos relations avec les autres, humains ou non humains, et de fait, plus on est à même de percevoir l'approche de la ligne rouge, comment l'éviter, la contourner, la repousser, ...se protégeant et protégeant l'autre émotionnellement parlant.

L'expression corporelle du cheval peut vite troubler l'humain, même en ayant un certain bagage de connaissances sur le sujet et je sais que tu en sais déjà pas mal Uneraell.

L'inhibition n'est pas forcément pathologique, tout comme la rébellion. Il y a bien des signes comportementaux subtiles qui peuvent permettre de faire la part des choses. Parfois c'est nous qui sommes devant notre ligne rouge face à l'expressivité intense du cheval ou son apathie, parce qu'en fait, nous ne détectons plus les signes au delà de nos connaissances. Le cheval serait en capacité d'aller plus loin sans traumatisme mais nous non car il nous manque des infos. Et je pense qu'en cas de doute, il est toujours préférable de renoncer. Avec le temps, les connaissances comportementales et l'expérience, on apprend aussi à mieux évaluer ce qu'on sera en mesure d'engager en allant jusqu'au bout tout en gardant toujours la maitrise d'une situation non conflictuelle et non coercitive.
On gère aussi mieux les imprévus, on est mieux outillés, on a développé de meilleurs réflexes de communication.

Pour moi, les apports théoriques, l'étude des écrits, scientifiques et équestres, qui sont la transmission de l'expérience concrète de ceux qui nous ont précédés, doivent obligatoirement s'associer à la multiplication de nos propres expériences pratiques. Et c'est cet ensemble, construit dans un temps long, qui donne la capacité à voir, concrètement, dans l'instant, si le cheval devant nous est dans un comportement véritablement pathologique ou limite pathologique ou normal pour un cheval, et cela même si ce comportement est particulièrement extraverti ou introverti.




AMEN !

Le cheval a un cerveau et c'est son cerveau qui maitrise ses pieds. Je préfère m'adresser directement au grand manitou aussi : le cerveau.

Concernant la fuite du cheval, elle est souvent caricaturée à mon sens. Car si on observe les chevaux, la mécanique de sauvegarde est bien plus complexe, structurée et phasée qu'une simple fuite. Et la cohésion sociale est le fil conducteur de toute stratégie de fuite. Tout comme il y a des stratégies de chasse dans l'acte de prédation, il y a des stratégies de fuite dans l'acte de sauvegarde.
En maitrisant les stratégies de fuite de l'espèce équine, on peut très bien faire en sorte que le cheval fasse de nous un partenaire dans celle-ci et non un problème de plus à gérer/éviter.

couagga J'ai hoché vigoureusement la tête sur toute la longueur de ton message.

J'ajoute quelques points:

La connaissance de l'éthologie scientifique (c'est dommage de le préciser) est en effet un indispensable, au moins en ce qui concerne les bases. Et il ne faut pas en oublier que ce n'est pas la seule science qui s'intéresse au comportement, ainsi le comportementalisme (au sens behavioriste), la neurologie affective ou même simplement la psychologie humaine sont des atouts importants dans le bagage de l'homme de cheval.

Dans le cours de Susan Friedman, on travaille beaucoup sur des exemples d'entraînement d'animaux exotiques, souvent des oiseaux, et c'est absolument fascinant d'observer les similitudes d'apprentissage avec les animaux qu'on connaît. Alors que leur éthogramme est forcément très différent ! C'est vraiment enrichissant.

Parfois je trouve aussi qu'on ne met pas assez le rôle de l'humain en avant dans l'entraînement. C'est toujours le cheval ci, le cheval ça, il a pas les pieds au bon endroit, son équilibre est comme ci, il tire sur sa rene gauche... Mais à moins de déjà être un homme de cheval accompli (et encore...) il y a toujours deux apprenants dans l'affaire, qui doivent faire leurs expériences, gérer leurs corps, leurs émotions et leur passé. Il m'arrive de marcher droit dans une situation qui, je le sais, ne vas pas être idéale car j'ai besoin de la vivre une fois pour la comprendre et la gérer ou l'éviter ensuite.

Et d'autres fois, on fait simplement une erreur de jugement, on loupe les signes par manque de connaissance comme tu le dis très bien, et cette situation permettra d'en apprendre un peu plus, et de faire mieux la fois prochaine. L'important, à mon sens, étant de reconnaître qu'on a vécu quelque chose qu'il faudrait éviter, que le cheval n'en était pas responsable et qu'on n'a pas à lui mettre les conséquences sur le dos.

Pendant un moment, je m'en voulais constamment quand je causais une expérience négative à Pastor. Désormais j'ai appris à rentrer chez moi, revivre la situation, l'analyser, réfléchir à comment faire autrement la prochaine fois, et à me pardonner moi. Quand je retourne à l'écurie, je lui réitère ma promesse de ne chercher que son bien, dans les circonstances et les limitations que la vie nous impose et j'essaie de faire un peu mieux que la fois précédente. À chaque jour qui passe, je constate comme notre communication devient plus fine et naturelle, et comment mon "savoir être" avec les chevaux se développe. Et plus j'ouvre ces portes, plus je me rends compte que 20 ans d'équitation, même les fesses sur des chevaux à 100k, m'avaient moins appris que ce que Pastor m'a fait découvrir ces 12 derniers mois :)

2022, année du savoir-faire, 2023, année du savoir être ?

Ce matin, je buvais mon café dans mon canapé, avec la vue sur mon jardin, et je remarque que ma haie a le tournis tellement le vent semble fort. D'un coup, mon cerveau s'emballe: "Merde, y a du vent, qu'est ce que je vais faire avec Pastor ? Je voulais aller dans le rond de longe, mais il va avoir peur à cet endroit-là, alors je ferais peut-être mieux d'aller dans le manège, mais le toit va sans doute encore grincer et...

Stop. J'ai fait quelques exercices de respiration, et je me suis concentrée sur mon café.

Je n'ai pas monté Pastor depuis deux semaines (ou trois ?) parce que j'ai ouvert un tiroir sur une réflexion qui me plaît, pour le moment. Ok, j'ai un cheval anxieux, mais qu'est ce que mon attitude et ma propre anxiété ont avoir avec tout ça ? Probablement, tout en fait. Ca fait longtemps que je sais que je me mets énormément de pression, et par conséquent, je lui en mets beaucoup aussi.

Dimanche dernier, j'ai eu une épiphanie. Je voulais aller dans le rond de longe, mais il était occupé, donc je l'emmène brouter à la place (à l'écurie hein, même pas en balade). On traverse la cour, tranquille, tout va bien, il broute un peu et en quelques minutes, escalade totale. Il a pété en l'air, a manqué de se vautrer plusieurs fois en glissant dans la boue, donc je l'ai ramené sur le chemin stabilisé pour qu'il redescende, et j'ai réalisé que depuis sa sortie du paddock, il a eu plein de petits stress et qu'en fait, il n'en a évacué aucun. Il est passé au travers avec une attitude de "lalalalala j'entends rien, je remarque rien, lalala" comme un enfant qui essaie d'ignorer son environnement... Sauf qu'en fait, il n'a rien ignoré du tout. Et à un moment, ça explose.

Donc on est restés là jusqu'à ce qu'il mâchouille un coup, secoue la tête, sorte un gros soupir et arrête de faire la toupie autour de moi. Puis je suis allée vers le rond de longe, et à CHAQUE stimulus qui l'a tendu, j'ai imposé le "on reste là, on intègre ce qui vient de se passer, et on se détend". Autant dire que ça a pris mille plombes étant donné que son attitude c'était plutôt de fuir un peu vers l'avant. En parallèle, je travaille sur moi avec des exercices de méditation et de pleine conscience. Peu avant de revenir au box, il a réagi à cause d'enfants qui jouaient, et pareil j'ai attendu qu'il se relâche vraiment. Je pense que ça a pris 10 minutes. Il bougeait plus, mais il avait l'air d'avoir 12 tonnes sur les épaules et il se passait visiblement beaucoup dans sa tête, si on en croit les mouvements d'oreilles et de bouches. Finalement, il a soupiré, secoué la tête, s'est "éveillé" et est venu chercher le contact avec moi.

Depuis une semaine, c'est donc ce que je cherche. A chaque réaction, chaque moment de tension, on arrête tout et on se relâche. Aujourd'hui, je l'ai trouvé incroyablement calme, malgré le vent, la pluie, etc. Il a eu quelques frayeurs dans le manège, mais il est beaucoup plus dans la réflexion et il propose des comportements alternatifs vachement intéressants quand il est stressé (ex: je recule de 10mn ou je m'éloigne en S au lieu de faire demi-tour et se barrer plein pot en faisant des bonds).

Pour moi, c'est du taf aussi, parce que je m'en demande autant que ce que je lui demande à lui. Si je suis agacée, nerveuse, je m'éloigne et je vais respirer. Je mets beaucoup d'énergie à avoir conscience de mon corps, de mon énergie, de ce qui se passe entre nous, ce qu'il me communique, à faire les choses lentement et en étant ancrée dans le moment présent. C'est vachement reposant en fait.

Demain, je pense essayer de le remonter un peu, juste pour faire un check-up et voir si on arrive à trouver le même type de connexion si je ne suis pas piéton. Le cours de biomécanique humaine m'a fait changer pleiiin de trucs dans mon équilibre. J'ai retrouvé l'usage de muscles dans ma jambe droite qui était grillés depuis littéralement 5 ans. C'est arrivé si soudainement que j'ai manqué de me casser la gueule en marchant. J'avoue que j'ai envie de tester le ressenti à cheval.

Sinon, qui dit week-end, dit enrichissement, donc aujourd'hui c'était boîte à oeufs et balles à trous, planqués dans une boîte en carton, le tout blindé de foin pour ensevelir : une poire, une pomme, des carottes de 3 couleurs différentes, des bonbons à l'eucalyptus, des framboises, une courgette et deux branches de céleri. Pastor s'est montré dubitatif sur la découverte de la courgette, mais il a tout mangé. Le céléri par contre, je lui en avais donné un bout à la main et il l'a mangé, par contre, il a craché le deuxième bout trouvé dans la boîte et nié tout le reste XD. Maintenant j'ai plein de céléri chez moi, et je sais pas quoi en faire parce que je n'aime pas ça non plus. Qu'est ce qu'on ferait pas pour son poney

Séance mitigée MAIS riche en enseignements.

Ce matin j'ai été parer Pastor et on a fait un petit check up dans le manège. Juste 5mn pour aller marcher un peu partout et confirmer qu'il était plutôt détendu. C'était ok, donc je vais faire mon parage, on fait plein de gratouilles, il est hyper chill et mignon, parfait.

Cet aprem, je foire mon timing; je voulais aller à l'écurie après le nourrissage, mais j'me suis loupée.. Donc je prépare dans une atmosphère d'attente. Je donne une mini ration de bouchons de foin à Pastor "pour faire genre" et ça le pose un peu.

On va dans le manège, je commence à fermer la porte, il pète en l'air. Ok. Bon. C'est pas gagné comme affaire. J'y vais hyper progressivement avec des pauses, et il se calme. Arrive ensuite le nourrissage, donc chevaux dans les box qui font les marioles. Je continue mon travail de ces deux dernières semaines : on vit le moment, on respire, on laisse passer. Il n'a pas trop mal vécu le truc, aucune fuite, de temps en temps il est parti marcher puis s'arrêtait quand il y avait trop de bruit. Beaucoup d'interactions avec moi.

Le calme revient et Pastor se pose aussi, il marche l'encolure horizontale, il fait attention à l'environnement mais n'est pas en alerte. On va au montoir, j'y vais encore hyper progressivement pour lui laisser l'opportunité de dire non, mais il reste tranquillement là et je me mets en selle.

Évidemment, une fois "tout seul" il était plus stressé, mais je le laisse marcher à sa guise, rênes en guirlande et on fait des transitions pas-arrêt à la respiration. Niquel, il est à l'écoute et j'ai l'impression qu'il se pose peu à peu.

C'était sans compter les pies qui nichent dans le toit qui sont venues remettre le bordel. On a eu quelques minutes un peu compliquées où Pastor a explosé plusieurs fois (bon les oiseaux, c'est compliqué, ça fait du bruit, ça vole par dessus ou derrière les chevaux, ça va vite...) Il montait de plus en plus en pression et j'ai réalisé que moi aussi, j'étais hyper tendue. Je repars donc dans mes exercices de respiration, concentrée sur mon corps pour relâcher chaque tension dans mon centre et mes jambes. En parallèle, je l'ai mis sur un 8. C'est un exercice intéressant car ça lui fait un truc à penser autre que les oiseaux et pour moi c'est compliqué car à main droite, j'ai tendance à me crisper ce qui invariablement le fait péter en l'air. Donc quand ça fonctionne c'est qu'on est raisonnablement détendu tous les deux.

J'ai réussi à garder mon relâchement, donc il a suivi. On en a enchaîné une dizaine puis il m'a demandé les rênes. Je l'ai laissé marcher rênes longues en demandant encore quelques pas-arrêt pour vérifier qu'il restait à l'écoute. C'est passé niquel, donc je nous ai laissé là dessus. Il a quitté le manège tranquillement, il s'est un peu inquiété quand j'ai ouvert la porte, mais j'ai attendu qu'il se détende avant de sortir. On a bien terminé.

Après ça, je l'ai emmené brouter 15 minutes, et comme à mon habitude, je debriefe dans ma tête, ce qui finit en débat avec moi même en parlant tout haut. D'un coup j'ai remarqué qu'il broutait de façon acharnée, avec plein de mini sursauts... Forcément, j'étais dans une énergie tendue et agressive envers moi même. J'ai recommencé mes exercices de respiration et il s'est posé. Ça rejoint ce qui s'est passé en selle : s'il est un peu stressé, je DOIS être un havre de paix qu'il peut utiliser comme référence.

Bref, séance intéressante. Je ferai une nouvelle tentative mardi. Demain ça sera recré, j'ai envie de lui apprendre les couleurs (dans la limite de ce qu'il peut différencier, évidemment).

J'ai tellement de retard par ici, je rattrape !

Clairement je valide les exercices de respiration / gestion émotionnelle / travail sur soi ET le fait de leur parler avec une voie débile, ça fait une vraie différence dans le relationnel sur le long terme ^^
Au final on se focus souvent sur la technique et le savoir-faire à cheval mais on oublie l'importance capitale du savoir-être (qui peut même être bien plus compliqué à gérer / appliquer que le savoir-faire !)


Beaucoup de séances intéressantes de ton côté et toujours un plaisir de lire vos différents échanges !

mooxis Très très vrai ! Aujourd'hui je l'ai remonté un peu en me concentrant plus sur moi que sur lui, ça s'est plutôt bien passé. Il a traversé le manège (en largeur mdr) quand un jeune au travail a paniqué dans la carrière (qui se trouve juste derrière le manège, donc on entend ce qui s'y passe). Je l'ai récupéré facilement, on a soufflé tous les deux. Tout le reste du temps, il a vraiment bien travaillé, il était super léger, c'était chouette. Que du pas et en coupant les coins qui font peur, mais c'était définitivement une expérience plus positive que les expériences !

Sinon, dédicace juste pour toi: Pastor sera -t-il alezan jeudi ? Il faisait trop beau, ça aurait été bête de le laisser couvert.

Mon pari: étant donné qu'il est resté découvert trois jours la semaine dernière et il s'est roulé le jour où j'ai remis la couette... Je parie que non xD mon cheval est une princesse

Frits serait d'avis qu'un petit changement de couleur, ça fait toujours du bien

Je croise les doigts pour toi qu'il reste chochotte et que tu ne récupères pas un sanglier !

C'est un bel objectif le travail du savoir-être pour 2023 ! Vaste programme. A tout hasard, est-ce que tu as déjà eu l'occasion de suivre quelques vidés de Marie Madec ? Elle en a fait pas mal sur le sujet avec ses thèmes de prédilection : respiration, IP, CC et pleins d'exercices associés pour aider les chevaux à s'apaiser

J'ai hâte de savoir si c'est une princesse où s'il aura changé de couleur

Belle séance mardi, c'est chouette !!

gebouye Non je ne connaissais pas Marie Madec, je vais jeter un oeil, merci ! J'ai réalisé l'autre jour que je suis beaaaucoup d'anglophones et je ne connais presque aucun entraîneur francophone qui a une philosophie qui me plaît. Je ne sais pas si c'est parce qu'ils sont simplement beaucoup moins présents en ligne ou si les courants de pensée sont vraiment différents

Et sinon, je vous présente... (mooxis aussi)

"J'ai envie de me rouler.... AH NAN C'EST TOUT MOUILLé C'EST DEGUEU"





(J'adore comme on voit bien la différence dans le tonus de son attitude et comment il engage bien sa ceinture thoracique quand il est sur le tapis vs quand il est ailleurs)

Vu l'état du paddock, je ne sais même pas comme il a réussi à se coucher en restant si propre. A mon avis il a du choper une flaque, mais pas la terre XD.

Aujourd'hui sinon, c'était séance en liberté. On a continué les couleurs et finit avec un peu de free style. Il a fait des trucs vraiment sympas sur la gestion de l'équilibre et les départs au galop, va falloir que je regarde les vidéos en détail pour identifier exactement à quoi il réagit (j'ai testé 2-3 trucs différents sur base de codes placés pour des comportements à l'arrêt ou au pas) et pouvoir réutiliser ça !

Je trouve qu'il différencie assez bien le bleu et le jaune. Y a quelques bugs au début, mais après il fait ça bien. Parfois je l'aide évidemment, il faut le temps qu'il comprenne que la commande "bleu" c'est le carton bleu, et "jaune" c'est le carton jaune. Parfois je ne sais plus quelle couleur j'ai dans quelle main, je le fais un peu exprès histoire de pas lui donner une indication avec mon corps.

Et si quelqu'un se demande à quoi ça sert ? Rien. Je trouve juste ça drôle (et lui il est perché sur son tapis, il est content). Quoique, j'ai presque envie d'essayer de faire pareil avec le vert et le rouge (que les chevaux différencient très mal). Si ça fonctionne, ça voudrait probablement dire que je lui indique avec mon corps la bonne couleur, et ça serait intéressant d'analyser sur vidéo quels micro mouvements lui disent ce que je veux !