Les jours passent et... se ressemblent-ils ?
J'ai beaucoup de fatigue nerveuse liée au boulot pour le moment, beaucoup de frustration, et ça se ressent invariablement dans la façon dont j'aborde Pastor. Je le sais, les chevaux sont nos miroirs, on le répète assez souvent, mais je l'ai un peu pris dans les dents quand même.
Mardi, je suis donc fatiguée, mais je me réjouissais de venir aux écuries. Il fait beau, j'ai envie de prendre l'air, je pars plus tôt que prévu et je trouve Pastor qui... fait la sieste. Avant que j'ai le temps de réaliser et de le laisser en paix, voilà qu'il se traîne à la porte, le toupet en vrac et me décroche un énorme bâillement de bonjour. Quitte à l'avoir réveillé, on va au moins faire des gratouilles ! Un bon quart d'heure de câlinage pendant qu'il se réveille à son aise, baille une demi-million de fois et réclame les grat-grat dès que je m'arrête.
Je panse et prépare à l'aise, légère, contente de voir mon cheval si apaisé aujourd'hui. Je vais en piste pour détendre en longe tranquillement, le froid pince, je veux le laisser marcher le dos libre pour qu'il se chauffe peu à peu. Il a une jolie attitude, il est attentif, j'ai des bonbons dans ma poche alors je clique et récompense.
Bouya, les oreilles en avant, voilà qu'on a des bonbons à la longe maintenant !! Le voilà donc planté à côté de moi, l'oeil vif, curieux, qu'est ce qu'on doit faire pour avoir le prochain bonbon ?? Non non bonhomme, on marche, activement, le nez quelque part entre Rome et la Chine, c'est bien, on se met en route... Le v'là qu'il met fait des départs au trot intempestif dans tous les sens (bé oui, on travaille ça en liberté pour le moment, pas bête le poney !!). Non non Pastor, on marche, c'est tout... Bien mal m'en a pris, j'ai du le garder sur un cercle la moitié du temps, moi qui voulais juste faire des lignes droites. Mais lui il était au ta-quet forcément, j'ai même eu droit à une résurgence du poney-volant-en-bout-de-longe. Tout ça sous l'oeil de la gérante qui s'est arrêté, abasourdie "Mais qu'est ce qui lui prends aujourd'hui ??" Faut dire que Pastor, que ce soit pour aller en piste, au paddock, brouter dehors ou voir la pareuse, c'est à -2km/h et sous lesironiques "Ah ben il est motivé ton ch'val !!" de n'importe qui sur la terrasse. Mais faut pas croire, quand il a envie, il a du sang hein XD.
Bref, je m'attendais à ce que ça soit compliqué, pendant une seconde, je me suis même demandé si j'aurais pas mieux fait de sortir l'airbag. Et en fait. En fait, on a littéralement fait notre meilleure séance
ever. Hyper décontracté, à l'écoute, disponible, en mettant toute sa pêche dans le travail. Je l'ai monté à deux doigts et à l'assiette et ça a été un pur plaisir. En 35mn on remballait le poney parce que c'était juste trop bon de le sentir donner tout ce qu'il avait dans les allongements au trot et faire "oh oh" en me rasseyant dans la selle et avoir un arrêt tout propre en fin de longueur. C'est toujours comme ça qu'on regrette de pas avoir sortir le pivo. Plein de grat-grat, on finit avec une mini-séance de TAP juste pour faire une vidéo récente à partager dans mon groupe d'étude de Connection Training. La vidéo, pour ceux à qui ça plaît (juste une mini révision de comportements acquis et voir où on en est pour le trot)
https://youtu.be/sjztfsBlBc0
Mercredi, toujours la même fatigue mentale mais cette fois, j'ai pété 19 cables au boulot avant 11h du matin (j'ai déjà dit quelque part que j'étais sanguine ? Si je l'ai pas fait, j'aurais dû, le calme et la patience c'est sérieusement pas mon fort). J'arrive aux écuries, je vais dire bonjour à Pastor et là, il me nie à moitié : "Silence, je bouffe". Quelques gratouilles, quand je m'assieds dans un coin il vient quand même me renifler quelques fois mais bon, j'étais pas l'attraction du jour. Déjà là, j'aurais pu me dire que...
Même protocole que la veille : longe pour se dégourdir les pattounes, se mettre en route, il est zen et à sa place, rien à redire. Petit quart d'heure de dérouillage et je me mets en selle. Et on retombe dans tous nos travers. Branchage mutuel sur la rêne intérieure, il est en sous-régime, se retient, chicane devant. Je m'agace une fois, m'en veut immédiatement après, refait les mêmes exercices que la veille, mais ça vient pas. Arrive finalement le moment fatidique du "Rha il m'agace à pas vouloir se décontracter devant !". La bonne vieille rengaine du cheval qui veut pas. A posteriori, je me trouve un peu débile de pas avoir eu l'illumination plus tôt, mais je l'ai au moins eue à ce moment-là.
Ne pas vouloir se décontracter si c'est pas totalement absurde.
Je lâche tout, je rends les rênes, je réfléchis. Où suis-je assise, où sont mes mains, comment est-ce que je demande l'effort. Mon truc pour le moment c'est de tirer ma tête vers le haut comme si tout mon corps était pendu à un fil du plafond, et de penser à tourner mon bassin au lieu de tourner mes épaules (ce qui finit toujours en ma tête à 90 degrés qui regarde par terre et les épaules à l'inverse d'où je veux aller). Rien que ça, rênes longues, sans vouloir rien demander, je sens les épaules de Pastor qui se décalent, les postérieurs qui poussent plus en dessous. Y a pas de secret, c'est qui qui n'est pas décontracté ici, c'est pas lui...
Je reprends les rênes en me concentrant plus sur
comment je demande les choses et bizarrement, ça vient beaucoup mieux. Il ronchonne un peu, mais je peux pas lui en vouloir, j'ai rien fait de bon pendant les premières 20mn. Il me donne néanmoins quelques jolies choses sur la fin, alors je mets un peu le Pivo. Deux mini-extraits des 5 dernières minutes de ma séance, c'est pas si pire on va dire, mais le but de se filmer c'est bien pour avoir de quoi réfléchir aussi !
https://youtu.be/3QsnmVRlwJI
https://youtu.be/yOd3TVicYJ8
Aujourd'hui du coup ça a été looongue balade à pieds (presque 2h30 je crois bien) et plein de brouting, ça me donne l'occasion de réfléchir, de remettre un peu de zénitude dans notre quotidien et de profiter de la belle météo. Malgré les difficultés, on progresse : Pastor était droitier typique (surcharge de l'épaule droite, refus de contact sur la rêne gauche, nez à gauche, postérieur gauche qui engage mais pousse pas, postérieur droit qui prend tout le poids mais n'engage pas). Maintenant, le contact sur les rênes est plus égal, mais il tend soit à se brancher sur la rêne gauche, soit à se contre-incurver vers la droite (pour éviter de devoir pousser avec le postérieur gauche, je pense). Là où la main droite était plus difficile au début, c'est maintenant la plus facile: toujours plein de petits défauts, mais c'est plus équilibré de partout, donc plus facile. A gauche il se braque, et comme c'est en plein dans mes faiblesses à moi (hanche gauche hyper contractée, épaule droite faible), si je ne monte pas droit, on fait de mauvaises étincelles.
Mes devoirs pour demain donc: me tenir droite en me tirant vers le haut, engager ma hanche gauche pour emmener son postérieur, refuser à tout prix de rentrer dans la bataille de la rêne gauche. Si je l'encadre correctement avec la rêne extérieure et mon assiette, alors il fait volontiers l'effort et si j'en crois les sensations dingues que j'ai eu dans les transitions (montantes et descendantes) et dans les allongements au trot mardi par comparaison à mercredi... Ben il travaille vraiment bien quand je le mets dans les bonnes conditions.
Allez hop, y a plus qu'à.