Aujourd'hui, triple billet (que je vais donc faire en trois fois pour éviter les fausses manips, désolé pour le multi post).
Je vais parler de trois choses hyper importantes dans le travail du cheval :
-le CALME
-la RIGUEUR
-la DETENTE
A priori, tout le monde sait ce que ça veut dire, du moins en français. Mais à cheval, comment ça se traduit ? Concrètement ! On se contente souvent de notions approximatives alors que ce sont des FONDEMENTS de l'équitation que JE considère "juste", et je vais m'en expliquer.
Tout d'abord,
le CALME
Je vais commencer par citer le général Alexis l'HOTTE (revenir en début de post pour une mini bio) :
Extraits de "Questions Équestres"
|  | Buts à poursuivre
Ces buts peuvent s'exprimer en trois mots : calme, en avant, droit. Pour le cavalier peu habile, au lieu de droit, je dirai direction.
L'ordre, dans lequel ses trois buts doivent être poursuivis, est invariable, absolu, et il ne faut rechercher le suivant qu'après avoir atteint le précèdent.
Chacun n'a qu'à faire appel à ses souvenirs, pour être assuré que tout travail entrepris sur un cheval irrité, impatient, inquiet, préoccupé de ce qui l'entoure ou en crainte de son cavalier, ne peut être que mauvais.
Ce premier but, comparé aux deux suivants, offre ceci de particulier qu'il doit être atteint complètement, quel que soit le degré de soumission qu'on veuille, par la suite, imposer au cheval.
Le cheval étant calme et confiant, il faut qu'il nous livre ses forces impulsives pour que nous puissions ensuite les exploiter.
[...]
|
|
|
Bon, voilà, c'est fini, suivant.
Non je rigole (oui je sais je suis trop drôle, pas de commentaires

). Je vais vous expliquer un peu plus quand même.
Comme le dit si bien notre général défunt, le CALME est le PREMIER but à poursuivre à cheval, il ne sert
absolument à rien de travailler un cheval qui ne soit pas "calme et confiant" : le travail sera forcément
mauvais.
Le stress, la nervosité, l'énervement, l'agacement, s'expriment chez le cheval de manière semblable à ce qui peut se passer chez nous : leur attention va se porter sur l'objet de la sensation négative... plutôt que sur vous, sur l'emploi de vos aides, sur l'exercice que vous leur demandez. De ce fait, ils ne
vont pas assimiler ce que vous leur demandez, voir même pas faire l'exercice. Du coup, escalade oblige, vous allez devoir insister, voir même à un moment "punir" (je reviendrais plus tard sur cette notion de "punition", je mets volontairement des guillemets. Le but du calme c'est justement d'éviter ça, et encore, la meilleure des "punitions", c'est celle par le travail, bref, on en reparlera).
Ce qui va rajouter du stress chez le cheval, et ensuite c'est le serpent qui se mord la queue : les demandes sont floues, le cheval ne comprend pas, s'énerve/stress encore plus et on en sort plus.
Les exercices sont mal effectués, de manière brouillonne, bref ça n'apporte que des mauvaises habitudes au cheval.
C'est pour ça que le CALME est un préalable à toute chose à cheval, que ce soit dans le travail à pied, monté, en longe... SI vous devez mettre TOUTE LA SEANCE à obtenir le calme, et bien vous mettrez toute la séance à l'obtenir.
C'est également important pour obtenir la confiance du cheval : il associera rapidement ces situations de calme à votre présence, plutôt que d'associer des périodes de stress à cette même présence. Au fur et à mesure, l'obtention du calme sera de plus en plus rapide.
Alors concrètement ça se traduit comment le calme ? Par un cheval AUX ORDRES, ATTENTIF à VOUS (et pas aux oiseaux qui passent ou au chien qui aboie), et qui ne se braque pas sur tel élément extérieur ou sur une de vos aides.
Cet état de fait va permettre de construire le travail sur des bases SAINES, solides, et les progrès seront beaucoup plus rapides. Sans compter qu'on évite beaucoup de "faux mouvements", parfois physiquement néfaste pour les chevaux (sauter avec le dos contracté, par exemple, ou "travailler", mais avec un cheval tellement tendu que les hanches ne travaillent plus du tout...).
C'est également le premier pas de la LEGERETE, que ce soit à la main ou à la jambe : un cheval calme est un cheval plus attentif, plus à même de se décontracter, de mobiliser sa machoire, et de répondre à des INDICATIONS fines de vos aides.
Mais ça va plus loin que ça : le cheval est une "éponge" émotionnelle. C'est un animal qui, naturellement, observe beaucoup, pour savoir comment réagir : ainsi, si vous êtes
vous même stressé, énervé, le cheval va percevoir cet état de fait. Si vous avez bien fait votre travail d'éducation (on reviendra là dessus aussi), normalement vous êtes, dans son esprit, hiérarchiquement "dominant" par rapport à lui (les chevaux sont des animaux grégaires qui entretiennent TOUJOURS des relations dominant/dominé, ça n'a rien de péjoratif, c'est juste un statut social). Si le dominant est dans une émotion négative, c'est que quelque chose ne va pas : en fait, vous allez tout simplement, par le simple fait d'être là, énervé ou stressé, créer chez le cheval une inquiétude : VOUS OUVREZ VOTRE SEANCE SANS LE CALME.
C'est pour ça qu'il est impératif de
profiter de votre temps avec et à cheval, chassez vos pensées négatives, prenez le temps d'être calme et serein. Et si, pour une raison X ou Y, vous commencez à vous énerver, arrêtez vous le temps de vous calmer.
Quitte à finir sur un exercice très simple et descendre de cheval, ou demander à quelqu'un à qui vous faites confiance et qui est là de finir le cheval sur quelque chose de positif, aller faire un tour, et revenir plus tard une fois calme.
En conclusion : un travail sans calme est un travail faux et mauvais. Le calme s'applique au cheval ET au cavalier. Dans le travail, si le cheval perd le calme, il faut CESSER, revenir au calme, puis reprendre le travail UNE FOIS QU'ON A LE CALME. Et si le cavalier perd son calme, faire un exercice BASIQUE et très simple, s'arrêter, reprendre soi même son calme, quitte à faire un tour et revenir après pour reprendre. Voir même se contenter d'un peu de liberté sans contrainte si vraiment on n'arrive pas à être serein dans sa tête en arrivant aux écuries.
Faverot de Kerbrecht disait : "En dressage on veut toujours aller trop vite. " Il avait raison. "Prenez votre temps, et vous irez vite" disait un autre grand cavalier (qui saura me dire qui ?) : prenez le temps de mettre le calme en base de tout, votre cheval s'en portera mieux, et vous vous sentirez mieux à cheval. Et vous progresserez tous les deux beaucoup plus vite.