Billet n°1 : mes inspirations équestres
Beh oui, on en a tous besoin ! Souvent cela commence par le coach/le moniteur, puis l'horizon s'étend. Plus ou moins, en fonction de la curiosité et de l'expérience de chacun.
J'ai toujours trouvé passionnant d'apprendre des autres, de l’histoire, des erreurs et réussites de chacun. On a tous notre sensibilité, parfois on s'y enferme même trop, et une perspective extérieure fait toujours du bien. Sans compter qu'il serait prétentieux de croire tout savoir ou tout pouvoir savoir, seul !
Enfin, si les grands cavaliers d'antan ont existé, c'est bien parce qu'ils ont compris des choses que les autres n'avaient pas assimilé avant eux. Autant en profiter !
Petite précision : je ne suis volontairement pas exhaustif, je choisis ce que j'ai retenu de primordial chez ces auteurs, ne vous étonnez pas si je ne dis pas tout. Ca viendra, par la suite (faut bien que je vous donne envie de revenir aussi
).
Soyons chronologiques :
François Baucher
Ou le père de l'équitation classique française. C'est lui qui a, le premier, codifié la façon de faire française et qui a posé les bases du classicisme.
Malheureusement, il est trop souvent oublié ou TRES mal compris.
En effet, Baucher a eu deux manières : la première avant son accident, s'organisait autour d'un seul et unique concept : détruire coute que coute TOUTES les résistances chez le cheval. Ce qui a, en effet, donné naissance à des pratiques qu'on retient un peu trop : la ramené outré, certaines utilisations un peu critiquables de l'éperon.
Néanmoins, dans la deuxième partie de sa vie, ayant perdu une partie de l'utilisation de ses jambes suite à un accident à cheval, Baucher est revenu sur ce qu'il avait dit, avouant même avoir fait beaucoup d'erreurs avant, et a donné naissance à la DEUXIEME manière de Baucher. C'est celle là que nous retiendrons, celle qui intronise la flexion d'encolure et qui, surtout, place la LEGERETE EN PREALABLE DE TOUT ! Oui oui, la légèreté n'est pas une FIN, c'est un MOYEN. C'est même un moyen que tout cavalier devrait employer en préalable de toute chose à cheval.
Nous retiendrons ses citations les plus célèbres (ou pas) sur laquelle chacun devrait méditer :
« Le cheval a la perception comme il a la sensation, la comparaison et le souvenir. Il a donc le jugement et la mémoire. Il a donc l'intelligence !!! »
« Vous vous efforcerez de causer avec le cheval et de vous en faire écouter. »
« Est-ce au cavalier ou au cheval que l'on doit imputer la faute d'une mauvaise exécution ? Au cavalier, et toujours au cavalier. »
(jeunes cavaliers, imprégnez vous de ça !)
« L'art de dresser les chevaux consiste dans le soin de récompenser à propos et immédiatement chaque acte d'obéissance, qui ramène le cheval à une bonne position, et de punir chaque déplacement comme une désobéissance. »
« Il est rare que les défenses aient d'autres causes que la faiblesse du cheval ou l'ignorance du cavalier. » (celle là je la mettrais d'ailleurs dans l'autre sens)
Baucher a eu deux, et seulement DEUX élèves à qui il a tout transmis :
Le Général Alexis l'Hotte
Ecuyer en chef du cadre noir, il a pris les enseignements de François Baucher et en a fait le cadre de l'école française. Si Baucher est le père de cette école, c'est l'Hotte qui l'a mise en forme et faite appliquée.
L'Hotte a l'avantage d'être beaucoup plus clair et explicite dans ses explications, beaucoup plus accessible, bien qu'il reconnaisse lui même que "les livres n'instruisent guère que ceux qui savent déjà".
S'il y a un bien une chose à retenir de l'Hotte c'est la suivante :
"CALME, EN AVANT, DROIT".
Oui, comme ça. D'ailleurs il insiste FORTEMENT sur l'importance de l'ORDRE DE CES MOTS ! Le CALME d'abord, parce que tout travail qui n'est pas dans le calme est un travail FAUX. Le mouvement en avant ensuite, ou impulsion, parce qu'un travail sans activité suffisante est un travail néfaste. Et le DROIT à la fin, parce que la rectitude est le résultat d'un long travail qui consiste à réaligner le cheval qui est à l'origine asymétrique.
Enfin, il place comme son maître la légèreté comme maitresse de la grande équitation. Mais, encore une fois, pas la légèreté comme aquis : la légèreté comme fondamental préalable à toute chose à cheval ( je me répète, mais eux aussi, c'est tellement important) :
« C'est dans la légèreté que repose l'équitation savante. »
« La véritable légèreté, c'est d'avoir le cheval léger aux jambes autant qu'à la main. »
Le Général Faverot de Kerbrech
Ecuyer de l'empereur, c'est avec Alexis l'Hotte le SEUL VERITABLE ELEVE DE BAUCHER.
Les principes sont souvent les mêmes que chez l'Hotte. Je dois avouer être encore en découverte de Faverot de Kerbrech, qui avait un grand sens de la pédagogie :
« Dès que l'animal s'inquiète, cesser, calmer, flatter, recommencer. » (on en revient au CALME AVANT TOUT)
« S'il est aisé d'épiloguer sur un traité d'équitation ou de dressage toujours ingrat à rédiger, on se rappellera que souvent la plus petite démonstration à cheval rendrait clair à l'instant ce qui paraît obscur par écrit, malgré de longues et minutieuses explications. »
Faverot de Kerbrech fut notamment l'enseignant d'un certain :
Etienne Beudant
Qu’on appelait à son époque "l'écuyer mirobolant".
Très peu connu, il gagnerait pourtant beaucoup à l'être et j'invite tout le monde à lire "Vallerine", qui décrit comment il a dressé la jument qui est devenue la star du moment.
« Mettre le cheval dans la position correspondant au mouvement envisagé, demander, laisser faire. »
« Je ne prétends pas avoir raison, j’obéis seulement à mon idée fixe de tâcher d’imiter la nature et à l’idéal que je me fais du dressage en observant les chevaux en liberté. »
On retiendra en particulier le très célèbre "Demander souvent, exiger peu, récompenser beaucoup" qui est une philosophie à bien garder en tête à cheval : Un exercice se demander souvent pour CONFIRMER, à chaque fois on exige PEU du cheval par rapport à la dernière fois, et on récompense LA MOINDRE PETITE PROGRESSION : pas à pas, petit à petit, on construit. De cette manière, on va beaucoup plus vite, et en plus, le travail accompli est beaucoup plus solide.
Le Général Decarpentry
Ah, quel homme beaucoup trop peu connu lui aussi. Ecuyer en chef du Cadre Noir, juge international de dressage, cavalier international de dressage, président de la commission internationale de la discipline, il était LA référence, à l'époque. Bon dieu qu'on s'est éloignés de ses dires. Son ouvrage "Équitation Académique" remet au goût du jour le classicisme à la française et l'explique.
Il explique notamment que les bases de l'équilibrage sont, et ce depuis Baucher, le RELEVEMENT DE LA BASE DE L'ENCOLURE et l'ABAISSEMENT DES HANCHES (qui constitue le seul et unique vrai engagement).
Voilà pour cette première ! Je parlerais de cavaliers plus contemporains dans le suivants : d'Orgeix, Karl, Alexis Gautier, Roger-Yves Bost, Ludger Beerbaum, Marco Kutscher, Olivier Guillon, tout un programme !