Tout le monde y va de sa petite définition sans bien préciser de quoi il parle.
Je propose donc qu'on parle tous de la même chose car nous parlons de lois de l'apprentissage, y'a pas 36 milles définitions à ce sujet. On va élever un peu le débat car si on reste tourner autour des chuchoteurs et de l'isopraxie de Barrey, on est pas au vent de la bouée.
L'éducation équestre est basée sur le renforcement négatif et la punition positive, je pense qu'on est tous d'accord là dessus:
Le R-: on enlève quelque chose dans le but que le comportement se répète: pression de jambes de plus en plus forte tant que le cheval ne s'est pas mis en avant ou pression sur le licol de plus en plus forte tant que le cheval ne s'est pas arrêté ou pour le reculer. Le stimulus d'inconfort/désagréable voire douloureux ne s'arrête pas tant qu'il n'y a pas eu de réponses du cheval.
On y voit toute la base de la théorie de la dominance chez le cheval ainsi que la nécessité que le cheval cède en premier.
Punition positive: On ajoute quelque chose pour faire cesser le comportement: Un coup de cravache, de stick, une baffe etc... Choses très courante dans le monde du cheval, on ne peut pas le nier.
Etant donné que TOUS les outils sont utilisés et amenés au cheval avec ces deux méthodes, il est bon de savoir que lorsque vous les utilisez mal vous renforcez le mouvement de fuite: échapper au stimulus désagréable.
Vous sautez et vous tirez sur la bouche du cheval ou lui plantez vos éperons dans les côtes sans faire exprès, cela renforce le cheval dans son apprentissage que le saut ce n'est pas agréable.
Imaginons qu'on apprend au cheval à sauter: il a un cavalier sur le dos (pressions constantes), la selle bien serrée avec la sangle, le mors en bouche (utilisation de la pression également) et les jambes pour faire partir le moteur (utilisation de la pression aussi).
Dans l'éducation équestre: on met de la pression avant l'obstacle (ou la barre) pour que le cheval y aille: moins il veut y aller plus il y'a de pression. Si il y va, la pression reste constante, on relâche pas tout. Une fois l'obstacle passé: le cheval a le droit à une ou quelques caresses, quelques satisfactions par la voix voire récompenses pour les plus chanceux.
Bref, on a appris au cheval que lorsqu'il accepte un stimulus désagréable, il est récompensé (encore faut il que l'association entre récompense + plaisir ait été réalisé).
Mais il y'a aussi toute la perception du cheval car les deux renforçateurs (R- et R+) ne peuvent pas être au même degrés: Si le R- est utilisé de façon plus importante dans le même exercice, l'importance du R+ va diminuer jusqu'à disparaître.
Avec le renforcement positif (et encore on a pas détaillé tout ce qui existe),
Citation :
"[...] cela peut aider le cheval à mieux comprendre ce qu'on lui demande, et confirmer qu'il effectue le bon comportement. Si vous utilisez en même temps du renforcement négatif, le cheval peut encore chercher à changer de comportement, parce qu il cherche le relâchement de la pression et non à gagner une récompense. L'ajout de récompense ne rend pas votre entrainement positif. Tout se résume à la perception qu'a votre cheval vis-à-vis de son entrainement, et les raisons qu'ils l'ont poussé à changer de comportement."
Source:
http://ppdt-comportementaliste-equin.blogspot.com/2013/06/puis-je-combiner-le-renforcement.html
Si on continue, il est aussi important de cerner que le R- oblige le cheval à associer un stimulus désagréable avec un contexte: Nous apprenons en fonction des contextes. Donc si vous utilisez du R- constamment, le cheval l'aura associé à vous et au lieu dans lequel il aura appris... Pas top pour la relation...
Je résume l'article mais si on fait du lien avec ce qui se passe vraiment dans le cerveau lors de l'apprentissage:
Lors d'un apprentissage et/ou expérience sous R+, c'est le circuit de la récompense et du plaisir qui est activé. C'est donc une région précise de l'encéphale qui "s'allume" et qui va produire de la dopamine -> hormone du plaisir, du bonheur.
Ce circuit peut se déclencher même en l'absence de la récompense car le contexte (personne, lieu, bruit etc) auront été associé à l'expérience qui déclenche du plaisir.
A contrario, par l'utilisation de R-, il n'y a pas de libération de dopamine mais d'adrénaline qui est l'hormone du stress, je vous apprends rien....
Et l'article conclue sur cette partie en disant:
Citation :
Si on combine le renforcement positif et le renforcement négatif, la réponse dopaminergique risque d'être supplantée par l’adrénaline. Même si vous utilisez habituellement le renforcement négatif (en fonction du degré de pression physique ou émotionnel) et que vous décidez d'utiliser occasionnellement seulement du renforcement positif, vous n'êtes pas sûr d'obtenir une libération de dopamine, à cause de ce que vous représentez normalement pour votre cheval. Ainsi dans les meilleurs des cas, il se peut que vous ne renforcez pas du tout positivement votre cheval. Vous lui donnez peut-être des récompenses, mais ce n'est pas la même chose qu'un cheval qui se sent renforcé positivement. Cela ne veut pas dire que c'est mauvais, cela peut vous aider dans vos entraînements si votre timing est bon, mais ça peut vous aider à donner du sens à ce que vos faites et éviter les faux fuyants....
Je vous invite à lire le reste de l'article...
Il est important d'éviter d'en aller avec ces concepts et c'est pour ça que je précise toujours de bien suivre comment le cerveau apprend et non pas comment nous on pense qu'on doit apprendre ou faire apprendre. Finalement, de notre avis on s'en fout puisque il y'a une autre loi que celle de notre subjectivité !
Ainsi, je vous invite réellement à réfléchir à la combinaison R- et R+ qui est à mon avis est une très mauvaise idée et certainement responsable d'une grande partie des résistances des chevaux dans la relation aux humains !