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De qui se moque-t-on ?
Posté le 05/02/2012 à 12h33
Punaise, ce post, c'est en fait l'art de monter en épingle et à sa sauce des propos rapportés en les sortant de leur contexte, et en occultant tout ce qui était autour.
L'équitation coute cher, c'est un fait. Mais de mon point de vu, elle ne coute pas encore assez cher. Pas assez, dans le sens ou elle ne permet pas à l'enseignement de prendre soin de son matériel de base, les chevaux. Combien de nous ont déjà vu leur club montrer sa cavalerie à l'ostéo, au dentiste, etc régulièrement ?
L'équitation s'est démocratisé et permet à tout passionné, ou presque, de pratiquer. Et bien au risque d'en choquer plus d'un, je trouve cela dommage. Parce qu'elle en est au point de bon nombre de domaine, où pour se mettre à la portée du plus grand nombre, on tire vers le bas.
Et je ne parle pas d'excellence, je ne fais pas référence à un niveau prestigieux de compétition international, etc. Je parle simplement de la qualité d'une équitation simple et respectueuse du cheval. Hors aujourd'hui, nos enseignants nous donnent nos galops car eux mêmes ont eu les leurs dans des pochettes surprises. Ils nous apprennent l'escalade de mors et la contention par les enrênements plutôt que le partenariat et l'écoute de son cheval/partenaire, parce qu'ils n'ont tout simplement pas le niveau et/ou l'expérience de faire autrement. Et sans doute pour la plupart, pas la curiosité d'aller chercher ailleurs d'autres méthodes, d'autres visions, d'autres choses. Et sans curiosité, on ne grandit pas, on ne se développe pas, on n'avance pas.
Lorsque je dis qu'on tire vers le bas, on pourra se récrier, dire que c'est faux, hurler au loup tant que l'on veut, il n'en restera pas moins que c'est un fait, un simple constat.
Comment peut on réellement penser apprendre à bien monter à cheval dans un cour d'une heure, lorsque l'on est 10, avec un seul moniteur ? 60mn/10 = 6mn d'attention de la part du moniteur par personne. Qu'apprend on en 6 mn ? Pour peu que le moniteur fasse partie de ceux là qui s'attachent (et c'est tout à leur honneur) à l'idée de faire s'améliorer leurs cavaliers malgré les conditions, il insistera plus particulièrement sur les défauts des plus faibles, et les plus forts du groupe feront des tours de manège toute l'heure...
On tire vers le bas aussi, parce que qui voudra confier des chevaux de grand prix à des débutants, ou des cavaliers mal formés par des moniteurs au rabais ? Qui voudra voir une cavalerie complète de chevaux aux origines et compétences prestigieuses passer entre les mains de personne formées par l'escalade du mors, la cravache et les enrênements à foison sans connaissance de leur utilité ?
On tire vers le bas aussi parce que la société, en dehors même de l'équitation, pousse à cela. Maintenant, il faut sortir, il faut "compétitionner" , il faut se montrer, montrer qu'on est bon pour sortir en concours, peu importe que l'on en ait réellement le niveau, il faut paraitre savoir faire, plutôt qu'être réellement bon cavalier.
Il faut commencer le saut la première année, alors qu'on se tape encore les fesses dans la selle à la moindre foulée de galop. Il faut sortir en concours alors qu'on ne sait toujours pas sentir son cheval s'engager sous soi. Il faut tout savoir faire avant même d'avoir appris, sinon, c'est injuste et "le prof, il nous aime pas"
Je ne dis pas, hein, gamine, j'ai été comme ça aussi, j'ai adoré ma monitrice sans aucune rigueur ni respect qui me hurlait de cravacher quand ça n'avançait pas plutôt que m'expliquer comment communiquer avec mon cheval, mais avec elle, ça avançait au moins en apparence... Et j'ai détesté son remplaçant, ancien colonel du cadre noir à la retraite, qui pouvait nous faire passer 1 heure complète au pas, à nous pousser à prendre la position la plus parfaite, la plus accompagnante, la plus sensitive pour le cheval...
Sauf que maintenant... C'est son équitation, ses conseils à lui, dont je me souviens aujourd'hui, et que j'utilise de mon mieux, plutôt que le reste. Mais aujourd'hui, nos enseignants ne nous apprennent plus à sentir le cheval, à le comprendre, à le bien monter (ou alors, ils sont très très rares), ils nous apprennent à rester dessus et à nous imposer.
Et je ne pense pas que les cavaliers parvenant aux hauts niveaux, quelque soit la discipline, puissent se permettre de forcer le cheval, le contraindre, l'obliger, je ne pense pas qu'ils puissent se permettre de ne pas avoir une position parfaite, une pratique nickelle...
Et l'enseignement d'aujourd'hui, c'est de cette chance dont il nous prive, tout simplement. Que l'on nous apprenne à monter à cheval, avant de vouloir nous apprendre à sortir en concours, et là, oui, nous aurons peut être un jour la chance de pouvoir atteindre un aussi bon niveau.
Mais ce n'est pas avec un niveau de formation actuel des moniteurs, ni avec les conditions actuelles d'enseignements duent à cette démocratisation excessive, que nous le pourrons.
Et là où je rejoins Carlos Pereira (dont je n'ai jamais entendu parler avant^^), c'est en ce qui concerne le loisir. Vous prenez la mouche comme si ce mot était l'insulte suprême, la baffe de trop, le gantelet qu'on vous jette à la figure...
ben non...
J'ai passé 4 ans de ma vie à tourner en rond dans un manège, sans savoir galoper correctement, et coller à ma selle. 4 ans à être 10 par cours. 4 ans à ne rien apprendre, avec un prof qui malgré mon galop "tape cul", mon directionnel "border line", me sortait en concours, parce qu'il fallait sortir. Sans le niveau. Sans RIEN apprendre.
Puis un jour, j'ai fait un stage d'extérieur, de loisir. En une semaine, je savais galoper et diriger mon cheval.
Pourquoi ? Parce que la cavalerie était ici adaptée à tout profil de cavalier et régulièrement retravaillée pour pouvoir continuer à l'être, que nous sortions à 4 en moyenne, plus 2 accompagnateurs, que l'on m'a enfin expliqué comment parler à mon cheval, comment me tenir, que l'on m'a fait découvrir l'importance du corps et de l'assiette dans la communication... Parce que l'on a cherché à m'apprendre à monter avant de chercher à m'apprendre à paraitre savoir monter.
Donc oui, bien sur, l'équitation de loisir, d'exterieur, peut être un bon moyen d'apprendre pour débuter. Quitte ensuite à passer à une autre discipline si cela ne nous convient pas, ou plus.